Ma relation avec la fatigue
Ma relation avec la fatigue

Ma relation avec la fatigue

J’ai une relation ambiguë avec la fatigue. Elle ne me quitte pas depuis mon adolescence. Elle semble faire maintenant partie de mon quotidien. C’est presque normal. Elle m’accompagne dans toutes mes activités. Parfois, elle disparait cinq minutes quand j’ai un intérêt particulier avec ce qui se passe devant moi, mais elle revient rapidement. Je pense que je lui manque trop, elle se sent obligée de me faire une piqûre de rappel.

Ah ben tiens, en parlant de piqûre… Aux alentours de mes 15 ans, je suis allée faire une prise de sang pour contrôler mon taux de fer et tout ce qui va avec. Les médecins ont constaté que j’avais eu la mononucléose…. Mais ça faisait un mois que je ne l’avais plus. J’étais donc fatiguée après l’avoir eue… ?

A cette époque-là, je pouvais passer des nuits de 10 heures ou de 11 heures sans problème et toujours me sentir fatiguée. J’ai tout testé. Les nuits courtes, les nuits mi-longues, les nuits longues… Etonnamment, les nuits de sept heures comme les nuits de dix heures semblent être celles qui me conviennent le plus. Mais comment choisir ?!?

La veille d’une rentrée de classe, le stress présent, la peur de pas assez dormir (de pas avoir mes 10 heures ou mes 7 heures)… comment faire pour choisir et s’endormir au bon moment ? Pour avoir pile poil ce qu’il faut pour la journée qui m’attend ? Maintes et maintes fois, je me suis retrouvée dans des situations compliquées.

Bon, si ce n’était que le nombre d’heures qui m’empêchaient de vraiment récupérer, ça pourrait encore aller. Malheureusement, il y a d’autres éléments qui entrent en jeu.

Petite, je n’avais pas trop de difficultés à dormir, mais au fil des années, le sommeil est devenu de plus en plus léger. Je ne peux pas m’endormir si j’entends le moindre petit bruit. C’est comme si mon cerveau avait mis « power on » sur le bouton pour détecter tous les bruits qui m’entourent. Cela peut aller du bruit de fond de la télévision, au coup de tonnerre jusqu’à l’ouverture d’un paquet de mouchoirs. Parfois, si je me concentre sur un seul bruit, je peux m’endormir sous forme de méditation auditive (je me suis beaucoup endormie avec la série « friends »).

Puis, au fil des années, la fatigue est devenue trop présente. Je ressentais vraiment que mes nuits ne me revitalisaient pas à 100%, qu’il y avait un problème. Je me suis donc rendue dans un centre du sommeil pour effectuer des analyses. Alors là-bas, j’ai tout eu… Jamais eu autant de colle et de patchs sur mon corps. Des câbles qui passent de part en part, un filet sur le crâne pour essayer de regrouper tous ces câbles, un moniteur de respiration sur le ventre (pile sur l’estomac, pratique pour les personnes qui dorment sur le ventre), bref, pas facile pour dormir. Au sein du centre, j’avais ma propre chambre, une table de nuit, un lit simple, normal. J’avais aussi des caméras et un moyen de communication (genre micro branché avec la salle d’observation). J’ai rarement eu autant peur de lâcher une caisse au milieu de la nuit.

La nuit s’est faite, je n’ai pas beaucoup dormi (6 heures), mais au moins, c’était fait. Le matin, le jeune homme qui a surveillé ma nuit est venu décrocher tout ce que j’avais et m’a souhaité une bonne journée. Ah oui ! Ils t’offrent le petit déjeuner là-bas, ça c’était cool.

Lorsque les résultats de ma nuit sont arrivés au centre du sommeil, je m’y suis rendue. On m’a diagnostiqué le syndrome des jambes sans repos, ou comme mes frères l’appellent « le syndrome des jambes qui dansent ». Eh oui ! je bouge la nuit. Mais pas juste je bouge et voilà, non ! Je peux changer quatre fois de position en dix minutes. Ce qui provoque des micros-réveils (dont je ne me souviens pas). Ces micros-réveils font que mon sommeil est super léger. Si j’entends un son dans la période durant laquelle je me micro-réveille, bah, je me réveille quoi. Ces micros-réveils abaisse ma capacité à me reposer à 78% au lieu de 100% comme toute personne « normale ». Bon, au moins, je suis fixée. J’ai véritablement un trouble du sommeil, je ne suis pas fatiguée pour rien, il y a quelque chose derrière ma relation à la fatigue. J’ai décidé de ne pas faire de suivi médical et de vivre avec la fatigue. Mon choix n’est pas forcément le plus pratique, mais c’est en lien avec d’autres soucis psychologiques en lien avec les suivis hebdomadaires qui ont tendance à m’angoisser et me demander trop d’efforts, peut-être que ce sera pour un autre texte. Ah ! J’ai aussi appris que ce trouble du sommeil était dû à mon hyperactivité. Apparemment, 33% des personnes hyperactives sont atteintes de ce trouble (c’est mon psychiatre que me l’a dit).

S’en vient ensuite, des angoisses et des prises de tête sur ma capacité à me reposer.

Je crois que j’ai rarement été aussi chiante de ma vie. Chiante oui, chiante. La vision de ma vie sachant que j’avais un trouble du sommeil, la vision de mes nuits même ! C’était : « il faut absolument que je m’endorme tôt, que je me couche tôt, il faut qu’il n’y ait aucun bruit, il faut que je puisse dormir assez sinon, HORREUR ! je serai fatiguée, et je serai mal le lendemain ». Alors je peux vous dire que pour les personnes qui ont pu partager des soirées avec moi, ce n’était pas drôle. Et ça ne l’est toujours pas.

Impossible de dormir quand mon frère, dans la chambre d’à côté (chez mes parents), était sur Skype ou au téléphone à 22h. Pétage de câble de ma part s’il ne respectait pas ma demande (faire moins de bruit ou mettre les écouteurs). De la colère qui entre en moi et qui m’empêche, en plus du bruit déjà présent, de m’endormir. Difficile de dormir quand mon père, dans le salon, regardait la télévision avec le volume un tout petit peu trop fort. Impossible de dormir quand mes frères et ma belle-sœur (chez eux), jouaient aux jeux vidéo jusqu’à minuit passé en rigolant, parlant fort. Une colère si forte s’emparait de moi et remplissait mon corps de haut en bas. Cette colère qui prenait part et dirigeait mon corps. Il FALLAIT qu’ils arrêtent de faire ce bruit. Sinon, le lendemain, j’allais être fatiguée et ça serait leur faute. J’avais de la peine avec le fait que mon entourage ne comprenne pas que j’ai besoin de ces heures de repos. Pour moi, il semblait normal. J’ai des troubles du sommeil, j’aimerais que les autres le respectent (sans m’envoyer chier).

Comment vivre ou plutôt dormir avec cette vision du repos ? A aucun moment, c’est reposant de se mettre en colère parce que des personnes s’amusent alors que tu essaies de dormir. Ou alors je me mettais en colère contre moi-même et ce qui m’arrivait (et m’arrive toujours d’ailleurs).

Actuellement, je vis avec mon compagnon. Je crois que je ne lui dirais jamais assez « merci ». Il regarde ses séries le soir, sans le son et avec les sous-titres (il faut préciser que nous habitons dans un deux pièces et que notre salon, c’est aussi notre chambre). Mais quand même, je peux m’endormir sans bruit.

Ma relation avec la fatigue est compliquée. J’ai l’habitude d’être dans un état général de non-repos. Si je ne dis pas « je suis fatiguée » dans une journée, c’est que c’est exceptionnel. Peut-être que je devrais faire suivre ces troubles du sommeil afin de régler cela, la flemme, la grosse flemme.

J’ai un quotidien où je me couche le soir vers 21 heures et je me lève à 7 heures (lorsque je travaille évidemment). Difficile de me coucher si tôt alors qu’il se passe encore des choses, je vais alors me mettre à ressentir la FOMO (Fear Of Missing Out = peur de manquer quelque chose). Durant les vacances, j’ai réussi à trouver un rythme qui me convient parfaitement. Me coucher à 23 heures et me réveiller à 9 heures. C’est vraiment l’horaire parfait…. Oui, eh bien, ce n’est pas facile à tenir…

Alors voilà ! La fatigue et moi.

Isaline

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