Quand l’imposteur, c’est nous
Quand l’imposteur, c’est nous

Quand l’imposteur, c’est nous

Le syndrome de l’imposteur, c’est une petite voix que tu crois venir en dedans, alors qu’en fait elle vient de dehors.

Quand tu te sens nul, incapable, illégitime, faible, quand tu sens que tu n’as pas le droit, que tu n’en es pas capable ou que tu n’es pas assez bien, c’est souvent une petite voix en toi qui te parle, qui semble te dire ce que tu peux ou ne peux pas faire en faisant ressortir tes plus grandes peurs pour étayer ses arguments : tu sera rejeté, moqué, jugé. Tu n’y arriveras pas, car tu n’en es pas capable.
Cette voix, nous pensons souvent qu’elle vient de nous, d’un nous plus capable, d’un nous plus conscient et éveillé qui saurait mieux ce qui est possible, un nous qui semble posséder des dons de voyance, un nous permanent, persistant qui ne lâche jamais prise et qui a des ressources illimitées.

Et bien, ce nous, ce n’est pas vous. Ce nous c’est nous, nous en tant que communauté, nous en tant que société, nous en tant que proches, amis et famille, ce nous en tant que système de communication, télé, publicité. C’est un nous présent depuis plusieurs années compliquant une vie qui semblait si simple quand on pense au passé.

C’est un nous nouveau, une société améliorée, avec une infinité de possibilités. Un mensonge moderne beaucoup trop beau pour être vrai. Une utopie bien menée qui pousse toujours les mêmes à se dépasser pour garder la majorité dans une incompréhension bien contrôlée.

On nous dit que tout a changé, qu’on est libre de choisir notre destinée. On peut être qui l’on veut, mener la vie que l’on a rêvée, la vie dont on a envie, une vie que l’on choisie. C’est beau quand on y pense, c’est le rêve de tant de grands hommes et femmes qui ont luté contre les inégalités, une vie où est donné dès la naissance ce concept rêvé qu’est l’égalité.

L’égalité qui donne à l’individu le pouvoir, le pouvoir de tout changer, de prendre ses responsabilités. De choisir sa voie, de décider, de s’impliquer. Dès notre plus tendre enfance c’est comme ça que le monde nous est présenté. Mais cela ne me semble pas être une réalité.

Ce que je vois c’est une illusion, une illusion qui nous maintient à notre place. Car la réalité est autre. On nous dit que tout est possible, que l’on peut choisir n’importe quel métier, sauf que nous avons toujours besoin d’autant d’ouvriers, de médecins, de jardiniers.

Explications :

Le déterminisme social est mis en évidence, par un sociologue nommé Pierre Bourdieu. Que dit-il ?
Dans la plupart des cas, votre statut social, le métier que vous allez faire, ainsi que le niveau maximum d’études que vous pouvez mener est fortement déterminé par le statut social, le métier et le niveau maximum d’étude de votre entourage proche, c’est-à-dire vos parents.
En gros, si vous naissez dans une famille composée de personnes travaillant comme ouvriers du bâtiment, vous avez très peu de chances de pouvoir atteindre un niveau d’études supérieur et le métier qui va avec et si vous le faites, ce sera au prix d’efforts beaucoup plus importants que les autres. A l’inverse, si vous naissez dans une famille d’avocats et que vous souhaitez devenir jardinier, vous le pourrez au prix de très fortes pressions de votre entourage devant un choix qu’ils jugeront mauvais.
Ainsi, la mobilité sociale (le fait de pouvoir changer de classe sociale) est toujours aussi faible.

Nous naissons donc avec deux choses : d’un côté nous pouvons, soit disant, faire de notre vie ce que l’on en souhaite. De l’autre côté, nous sommes bloqués dans un certain cercle de possibilités de part notre origine sociale.
De cette ambivalence découle une pression extrême sur l’individu qui est, soit disant, responsable de ses actes et de son parcours de vie, mais qui n’est pas libre de choisir ce qu’il veut pour autant.

Le syndrome de l’imposteur nait dans cette ambivalence, il est cette petite voix qui te rappelle que tu n’es pas à ta place, il est l’addition d’une immense quantité d’influences différentes qui te poussent à croire que tu ne peux pas. Il n’est pas en toi, il est en nous tous, car il nous maintient là où nous devrions rester.

Gaëtan van Beek

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