Quand l’imposteur c’est vous !
Quand l’imposteur c’est vous !

Quand l’imposteur c’est vous !

Vous avez sûrement remarqué à quel point il existe une symétrie distribuée en miroir autour d’un discours, un reproche, une accusation, une agression. Je veux dire par là plus prosaïquement « c’est celui qui dit qui est »

Aussi le syndrome de l’imposteur est un biais de considération de soi, rejetant sur celui qui fait apparaître l’imposture, la qualité d’imposteur. Mais qui est l’imposteur ?

Je vois l’imposture dans une société qui place collectivement et individuellement ses problèmes sous le tapis fermant les yeux très fort en priant que ça disparaisse.

Je vois des personnes perclues de douleurs physiques, psychologiques, existentielles accrochées à ces douleurs et à ces éternelles problèmes comme autant de justifications de ne surtout pas arrêter de faire ce qui les a menées dans cette impasse, de surtout ne rien changer. Je vois des mimiques, des gestes inconscients, des tempos dans le phrasé, des mots réflexes qui échappent et qui trahissent le discours faux et polissé des interactions sociales dites « normales ».

Je vois des homo sapiens incapables de s’indigner tant ils se sont auto anesthésiés, auto-censurés, auto-convaincus que tout allait bien ou du moins, que ça pourrait être pire et que le fait de pointer cet océan d’injustices dans lequel nous nous noyons tous est la plus grande des fautes morales.

Je vois des enfants, des ados, des adultes à qui on demande de renier, renier, renier jusqu’à définitivement perdre le chemin vers eux-mêmes, leurs ressentis, leurs émotions et de ne même plus se rappeler qu’on leur a demandé d’oublier qui ils sont.

Je vois toute une société échafaudée sur ce mensonge collectif et incessant, partout et tout le temps, qui rappelle à chaque occasion qu’il faut se taire, fermer les yeux et les oreilles pour ne pas voir cette énorme et triste farce qui rend les personnes atypiques si mal à l’aise avec ce jeu de dupes, non pas par surplus de vertus, mais peut-être par une faiblesse gastrique faisant que tout ce qu’on nous fait avaler ne passe pas, pas du tout. Alors qui est l’imposteur ? De quel côté se trouve le syndrome, la pathologie, qui doit être diagnostiqué ?

Ainsi nous traite-t-on, en miroir, d’imposteurs. Car l’atypique est le grain de sable dans cette mécanique sociale dénuée d’amour, l’atypique est ce qui révèle, par sa propre présence, l’imposture.

Paul Zane

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