Chronique d’un surdoué en dépression et d’une pandémie, chapitre intermédiaire 2.6, mon hypersensibilité
Chronique d’un surdoué en dépression et d’une pandémie, chapitre intermédiaire 2.6, mon hypersensibilité

Chronique d’un surdoué en dépression et d’une pandémie, chapitre intermédiaire 2.6, mon hypersensibilité

C’est en retrouvant ma thérapeute pour la première fois depuis 7 ans que j’ai entendu parler de l’existence de l’hypersensibilité. J’étais déjà diagnostiqué hyperactif avec une forte suspicion de haut potentiel mais je n’avais jamais entendu ce terme auparavant.

Il m’a tout de suite parlé et j’ai découvert au cours des discussions avec ma thérapeute et de mes méditation que ma sensibilité avait toujours fait partie de moi. Comme un fardeau, un défaut que je trainait depuis ma plus petite enfance. J’ai l’impression qu’on m’a toujours dit que j’étais trop sensible, trop sensible pour un enfant normal mais surtout trop sensible pour un petit garçon. A l’école personne ne voulais vraiment m’inclure dans ses jeux, je pleurais trop vite, il fallait faire attention à moi, en bref j’étais le petit pleurnichard à qui on disait que « C’est bon là, tu n’es pas le centre du monde non plus. »

Cette hypersensibilité s’est imposée à moi au court des années comme un trait de caractère, un défaut qui me suivrait toute ma vie et que je devais apprendre à maitriser. Dans le milieu professionnel, on m’a dit que je devais me créer un carapace pour survivre, surtout si je souhaitait avoir des postes à responsabilité. Je n’ai aucun problème à gérer la pression, je travaille peut être même mieux quand je suis dans le rush, je peux faire de très grandes journées où je vais gérer des problématiques extrêmement complexes et me confronter à des usagers parfois pénibles ou même violent mais ce n’est pas de ça que je parle. Ce dont je parle c’est les collègues, c’est la violence dont nous faisons tous preuve et ce que nous acceptons au nom du consensus, au nom de la hiérarchie ou juste au nom de la cohésion. J’ai accepté qu’on me crie dessus, je me suis même excusé pour ça, j’ai accepté qu’on se moque de moi au nom de l’autodérision et de la cohésion, j’ai accepté de soutenir des collègues de mauvaise fois voir même des collègues qui mentaient ouvertement pour soutenir le groupe. J’ai trahi bon nombre de principes moraux pour ne rien recevoir en échange et je me suis rendu malade pour ça.

Alors j’ai revu la position de mon hypersensibilité, avant elle était constitutive de ma personnalité et formait ce que j’appellerais mon centre, un cercle qui me représente dans la forme la plus épurée, ce qui me constitue. Il y avait le « trop sensible », le « créatif » et l' »adaptation ».

Cela ne me convenait plus, alors j’y ai réfléchi. Beaucoup, j’ai continué la thérapie, j’ai médité, médité, médité et j’ai accepté certaines de mes profondes qualité. J’ai rejeté l’adaptation, ce n’est pas constitutif de moi-même, c’est une de mes grandes compétences mais je n’étais pas d’accord de la mettre au centre. J’ai enlevé le « trop » de sensible, j’ai ajouté l’intelligence que je ne me suis jamais offert pour former le trio intelligence, créativité et sensibilité.

Mais je n’étais toujours pas satisfait, la sensibilité ne collait pas, et c’est là, pendant une méditation, que j’ai compris : je ne suis pas hypersensible, je possède une hypersensibilité.

Ce n’est pas constitutif de mon centre, c’est mon lien avec le monde. C’est la paroi du cercle qui entoure mon centre, c’est mon interface avec le monde, ma capacité à comprendre, ma capacité à sentir, à évaluer. Ma sensibilité est un immense pouvoir, je ne dois pas lui créer de carapace, je dois la laisser aller à la rencontre de l’autre pour le découvrir car c’est elle qui me permet de faire fonctionner l’ensemble. C’est un don, une capacité presque magique de comprendre l’autre avant même qu’il aie parlé, à me positionner là où on a besoin de moi. Je ne dois surtout pas l’emmurer ou la protéger mais la développer, l’affiner pour qu’elle prenne en compte le fait que l’autre souffre aussi, qu’il a peur et qu’il s’énerve quand il ne comprend pas.

Ainsi, je l’ai mise à mon service et elle m’en apprend beaucoup, elle me permet de juger d’une action par moi-même, de m’ouvrir au monde sans crainte et à être bon, bon pour moi, et à travers moi, bon pour les autres.

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