J’ai d’abord demandé sans haine
Pourquoi, comment cette tragédie malsaine ?
Quel est ce phénomène qu’on appelle nature humaine ?
Âge d’innocence, âge d’insouciance
Où la conscience agit comme unique science.
On m’a d’abord dit, au bord du mépris
Qu’il en était ainsi, que c’était la vie mais je n’ai rien appris.
Pas de réponse, quelques annonces :
« Écoutes ce qu’on te dit, toi, tu es né ici.
Tu as cette chance, tu es née en France.
Ne pose pas de questions, il s’agit d’intégration.
Ne traîne donc pas les pieds dans l’indécence de l’enfance. »
Mais les questions demeurent et cette voix dans les profondeurs :
« Les cœurs se meurent lorsqu’on n’écoute pas leurs pleurs »
J’ai alors demandé, presque inspirée
Vous censurez pour continuer à rêver ?!
La cécité ne fait sens que pour des rêves formatés.
Âge de passion, âge de révolution
Âge où la réflexion porte jusqu’aux tréfonds de l’aliénation
On m’a alors expliqué, un peu vexé
Que je manquais de maturité, de citoyenneté. Je ne vais rien lâcher.
Pas d’explications, juste des conditions :
« Calmes tes ardeurs. La réussite, tu dois l’apprendre par cœur.
Des valeurs ? Vains seront tes efforts. Ici, c’est la loi du plus fort »
Je comprends alors, que je ne suis pas d’accord.
Ils ne regardent plus ? Trop centrer, ego-gravité.
Ils ne ressentent plus ? La pesanteur est intérieure.
Ils ne volent plus pourtant, la paix satellise toujours les cœurs.
Je me suis alors demandé, un peu torturé
Ils se dessinent étouffés, estropiés, caricaturés
Comment trouvent-ils un sens pour vivre cette existence ?
Âge d’intégration, âge de construction
Et cette ignorance qui enferme la résistance
Taire ce qui n’est pas normalité ?
Ainsi naît le spectateur, ainsi naît la peur d’être acteur.
Les douleurs deviennent humeurs, les questions des opinions.
Éduquer pour être formé, toujours sans être informé.
Le sentimental est un marginal, être passionné, c’est manqué de crédibilité.
Il n’est donc pas mature d’aimer l’aventure lorsqu’on pense à son futur.
Genèse de la destruction et de l’auto-destruction humaine,
Aucune escale même si leurs voies me voilent en païenne.
Toutes ces répliques, transfert, contre-transfert, c’est ça l’enfer.
Le temps est passé. Finalement, il faut choisir un camp.
Flow de mon indignation, la voilà votre intégration
Ce n’est pas par des principes que vous aurez mon adhésion
Ils ne sont que la pratique d’anciens rites
Liberté, égalité, fraternité. Je reste poli, vous vous mentez.
Dans un monde trop souvent noir aujourd’hui, Tandis que nos esprits tendent vers le gris.
L’inconscience et l’indifférence jusqu’à saturation,
Le sang et la passion, plus de distinction.
La lumière ne peut être blanche, les nuances font la différence.
Battre ses propres sentiers en rêvant encore de regarder vers le ciel
Malgré ceux, qui par peur, vous arracheraient vos ailes.
Ne me demandez pas de m’intégrer
Si le prix à payer, c’est mon intégrité.
Yohei