Hypersensibilité… qu’est-ce que c’est ? Ce n’est pas même pas un diagnostic psychologique. Est-ce un état mental ? Un état émotionnel ? Un état physique ? Le tout en même temps ? Est-ce que c’est se poser trop de questions ? Penser toutes les possibilités à la fois ? Est-ce que c’est ressentir une émotion de façon prononcée, qui fait mal ou qui rend le quotidien difficile ou facile ? Est-ce que c’est ressentir toutes les émotions en même temps, les laisser nous submerger, se retrouver avec un plat de spaghettis emmêlés presque impossible à démêler dans la tête ? Est-ce que c’est ressentir tous les cinq sens de façon accentuée ? Est-ce que c’est avoir une attention particulière à certains aspects de la vie ? Ces questions, je me les suis posées et je n’ai toujours pas de réponse claire et précise. Je perçois cela dans un grand bric à brac parfois incompréhensible dont il faut trouver la sortie.
Pour moi, l’hypersensibilité, c’est ce qui fait que quand j’ai faim, je suis insupportable, j’ai besoin d’assouvir mon besoin de me nourrir, mais pas seulement me nourrir. Enfouir mon manque de contrôle sur mes émotions avec de la nourriture, avec du sucre.
Pour moi, l’hypersensibilité, c’est ma réaction lors de disputes. Ma réaction que je trouve parfois excessive, impossible à calmer, des pleurs, mais pas de la tristesse. La colère qui ne sort que par des pleurs qui ne se calment qu’au moment où je n’arrive plus à respirer, ce moment où le corps reprend le contrôle de ma vie.
Pour moi, l’hypersensibilité, c’est la sensation que je ressens lorsque je me retrouve seule. C’est cette impression que le monde entier m’a oubliée, que je n’existe plus que pour moi. C’est ce ressenti puissant qui me laisse enfermée dans mon cocon ou mon filet de protection. C’est cette impression que j’ai disparu du monde des vivants, que je ne suis plus dans l’intérêt des autres.
Pour moi, l’hypersensibilité, c’est craquer, éclater en sanglots devant des vidéos touchantes ou des golden buzzer. Cette incompréhension, cette submersion d’émotions soudaines dont je n’arrive pas à déceler le pourquoi du comment ? Quelle est cette émotion ressentie si forte qui me fait pleurer ? Est-ce que je suis émue ? Est-ce que je suis jalouse ? Je ne pourrais pas donner de réponse. Mais cela me touche particulièrement.
Pour moi, l’hypersensibilité, c’est aussi avoir de la difficulté à gérer certaines émotions qui parviennent de façon intense. La colère, une émotion si présente dans le quotidien de tout le monde, pourtant une émotion que l’on n’apprend pas forcément à gérer. La culpabilité, se sentir coupable, même pour un tout petit aspect de notre vie ou de ce qu’on a pu infliger à quelqu’un, apprendre à se dire « ce n’est pas grave, il.elle t’a dit que ce n’était pas grave, arrête de culpabiliser. Tu n’as rien fait de mal. Mais est-ce que vraiment cette personne ne m’en veut plus ? et si en fait, elle m’en voulait encore, mais elle n’osait pas me le dire ? est-ce que je dois encore m’excuser ? que faire ? ». La jalousie, Oh mais la jalousie ! Je ne vais même pas en parler. Trop difficile à gérer… se piéger soi-même dans un engrenage de pensées négatives pour un message de rien du tout…
Pour moi, l’hypersensibilité, c’est faire face à des angoisses pour des situations qui pourraient sembler minimes aux yeux des autres. C’est faire des crises d’angoisse parce que le concombre que tu voulais manger s’est retrouvé dans le compost à cause d’une toute petite tâche… ce n’est même pas toi qui l’as jeté. Mais tu pars en angoisse parce que c’est l’élément de trop dans ta journée riche en émotions.
Pour moi, l’hypersensibilité, c’est aussi une sensibilité physique. Le toucher, l’ouïe, le goût, la vue et l’odorat qui se retrouvent plus développés que certaines autres personnes. C’est être sensible et entendre tous les sons présents dans une salle, toutes les odeurs, avoir un goût pour la nourriture différent, percevoir des détails qui échappent aux autres, c’est ressentir un niveau plus élevé de sensations lorsque quelqu’un me touche.
Et finalement, pour moi, l’hypersensibilité, c’est avoir développé un savoir et une connaissance toute particulière sur mes émotions et mon ressenti. C’est acquérir une grande maturité émotionnelle qui me permet de me sortir de situations difficiles, mais aussi de me retrouver dans une submersion intense.
Isaline